dimanche 21 janvier 2018

Le récit de soi

J'ai passé du temps aujourd'hui à regarder une vidéo de Boris Cyrulnik, d'une conférence qu'il a donnée à l'Université de Nantes il y a quelques mois, sur le récit de soi
Vous la trouverez ici: boris-cyrulnik-le-recit-de-soi

Cela prend presque deux heures. Ce qu'il dit est intéressant, il s'appuie sur les neurosciences, sciences dont on ne peut plus nier l'importance!
par ex (quelques idées en vrac!)

- ceux qui ont parlé immédiatement, ou très vite après une expérience traumatisante ont acquis une conscience du réel, moins traumatisante. Cyrulnic après la guerre et comme tant d'autres, a fait partie des victimes qui ont dû se taire. Les gens n'avaient plus envie d'entendre les victimes, voulaient oublier les horreurs de la guerre. Ils préféraient parler des résistants! Cyrulnic a beaucoup travaillé la résilience, pour s'en sortir, lui et  toutes les personnes qui vivent des traumatismes

- En général, les enfants des victimes ne cherchent pas à connaître les détails des tragédies qu'ont vécues leurs parents. Ils préfèrent ne rien en savoir. C'est parfois par hasard que le récit se dit, suite à une question d'un petit enfant, moins concerné qu'un fils ou une fille et qui découvre par hasard une bribe du secret, quelque chose qui l'intrigue. Il y a comme une immense pudeur qui fait qu'on ne pose pas de question
De plus j'ai expérimenté que le récit que j'ai publié de mes premières années d'enfance avait été nié par mes frères, ils prétendaient que j'avais affabulé, que je n'avais pas dit la vérité
Ils oubliaient que j'ai raconté MA vérité, et sans doute pas LA vérité!
Je n'ai pas raconté LEUR vérité, ça c'est sûr!


16 commentaires:

  1. Il est des vérités qui dérangent, surtout quand elles amènent un éclairage nouveau et pas forcément flatteur sur un proche, un père, une mère... Et une famille peut imploser après la mise à jour de cette vérité, mon Paladin de mari le sait bien, lui qui a été lâché par sa famille pour avoir révélé le mensonge de son père à son égard. On ne peut rien pour ceux qui préfèrent le mensonge tu à la vérité dite. Je continue, et lui aussi, à croire malgré tout que le mensonge, le secret sont des poisons encore plus pernicieux, notamment pour les générations suivantes.
    Et puis comment vivre sans une parole libre?
    :-) ♥

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    1. merci La Baladine de t’être aventurée jusqu'ici!
      ma famille a implosé quelque peu après la parution de mon récite de vie, pourtant salué par la critique comme un livre fondateur.
      Il a fallu du temps pour que je retisse des liens fraternels car j'y tenais: je ne voulais pas refaire le même schéma de disputes
      Mais je ne m'en suis pas relevée au niveau de l’écriture. Je n'ai plus été capable de mener à bien un projet longue durée. Je me suis laissé couper les ailes en quelque sorte
      .-(

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    2. je complète:
      je ne voulais pas entrer dans le même schéma de disputes que ma mère avait menées tambour battant contre sa fratrie durant toute sa vie!

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    3. Je pense que des disputes et ce genre de spéculation savoir si c'est vrai ou pas… ne présente pas d'intérêt.
      Et donc il faut briser, en prenant une distance relationnelle
      c'est ce qui s'est passé me semble-t-il. Le temps aidant, tu as renoué avec tes frères, je crois savoir…
      Reste une sorte de dégât colatéral… pas si colatéral que ça… tu as cessé de promouvoir cet excellent ouvrage, que j'ai lu, fait lire à ma compagne, et prêté à quelqu'un…

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  2. C'est vrai que nous n'avons pas toutes et tous les mêmes souvenirs, je le vois bien avec ma soeur par rapport à notre enfance.
    Ce que tu dis, ou du moins ce que Boris Cyrulnic exprime, est très intéressant. Dire les choses tout de suite, si c'est possible, permet ensuite de mieux vivre avec.
    Et c'est vrai aussi que les enfants n'aiment pas vraiment que l'on évoque certains souvenirs, comme s'ils étaient gênés, je ne pense pas que ce soit de l'indifférence, mais ils n'ont pas envie de savoir.
    Merci pour ce billet qui me parle, Coumarine. Bisous.

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    1. non ce n'est pas de l'indifférence, mais ils n'ont pas vraiment envie de savoir...
      Je t'embrasse chère Françoise

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  3. Peut être que tes petits enfants seront les premiers de ta famille à apprécier ton livre parce qu'ils ne se sentiront pas touchés directement. J`ai lu de Cyrulnic et c'est de cela dont il parle justement... les non dits se répercutent qq générations plus tard. Alrs ton livre a été utile à plusieurs dont moi, et le sera surtout pour eux. kéa

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    1. quand mes petits enfants auront la maturité nécessaire pour lire mon livre, je ne sais pas si je leur donnerai à lire: "chat échaudé craint l'eau chaude" dit le proverbe...
      Il me faudrait du courage pour le leur présenter!

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  4. encore une fois : Le murmure des fantomes

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    1. Je n'ai pas lu ce livre encore: bien envie de m'y atteler!
      merci à toi!

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  5. J'ai eu de la difficulté à publier mon commentaire précédent, mon ipad change lui même les formulations... vraiment énervant ! En fait je voulais dire que Cyrulnik dans "Le murmure des fantômes" montre combien il est bénéfique pour les générations futures de connaitre les non dits de leurs aieux pour comprendre certains de leurs propres comportements. J'aimerais bien moi savoir ce qui s'est passé dans ma famille au temps de mes grands parents. S'ils avaient mis leur vécu sur papier c'est moi qui en bénéficierais maintenant. Oui je te conseille ce livre. kéa

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    1. Je parlerai de ce que tu me dit à une amie à moi. Car elle vient de terminer d'écrire le récit de ses parents, destiné à ses enfants.
      L'un deux avait demandé explicitement qu'elle raconte cette histoire et la voilà terminée...
      Elle attend avec un peu d’anxiété la réaction de son fils ;-))

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  6. Pour ma part je les trouve chanceux. Tu m'en donneras des nouvelles éventuellement si tu peux... cela m'intéresse. kéa

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    1. il faut juste que son fils (et les autres enfants s'il lisent ce livre) soient assez murs, adultes et lucides pour comprendre, pas juger et condamner!
      On verra...

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  7. J'espère que tout va bien, ma chère Coumarine.
    Je t'embrasse.

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  8. Les enfants et petits-enfants des victimes et des traumatisés des deux guerres mondiales se sont souvent vus face à un mur de silence de la parts desdites victimes.
    Il en fut en tout cas ainsi dans ma famille. Et pas que…
    mon frère me racontait que mon grand-père, qui a fait Verdun et autres joyeusetés , dont voir mourir son frère sous les balles allemandes, lorsqu'on lui posait des questions sur ce qu'il avait vécu, soupirait, et levait les yeux au ciel, murmurait une sorte de "Ah lala lala !" puis demeurait dans le silence...
    Je crois que pour eux c'était totalement inracontable… au sens physique, psychologique, et psychique du terme…
    d'autres ont pu parler évidemment…
    mais j'ai le sentiment que ce fut une minorité.
    il fallait passer à autre chose, reconstruire la France, est en quelque sorte « oublier »…

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